Tu aimeras l’étranger comme toi-même (Lv 19, 33-34)

Démarche pour un partage en groupe ou une réflexion personnelle

Tu aimeras l’étranger comme toi-même
(Lv 19, 33-34)

I. Chant proposé pour entrer dans la démarche

Laisserons-nous à notre table (LD 236)

II. Lecture de la Parole de Dieu

Les textes ci-dessous sont tirés des trois grands recueils législatifs du Pentateuque : code de l’Alliance (dans le livre de l’Exode), code deutéronomique (dans le Deutéronome) et la Loi de sainteté (dans le Lévitique). Ces codes s’adressent en priorité à Israël, mais on y trouve aussi des dispositions concernant l’étranger. Nous vous proposons ces quelques extraits pour un partage en groupe ou pour une réflexion personnelle. Le but poursuivi n’est pas d’abord exégétique mais pastoral. Après chaque série de textes, des questions sont posées pour guider le lecteur.

Exode (Code de l’Alliance)

Tu n’exploiteras ni n’opprimeras l’émigré, car vous avez été des émigrés au pays d’Égypte. (Ex 22, 20)

Tu n’opprimeras pas l’émigré ; vous connaissez vous-mêmes la vie de l’émigré, car vous avez été émigrés au pays d’Égypte. (Ex 23,9)

Six jours, tu feras ce que tu as à faire, mais le septième jour, tu chômeras, afin que ton bœuf et ton âne se reposent, et que le fils de ta servante et l’émigré reprennent leur souffle. (Ex 23, 12)

- Quelle attitude Israël est-il invité à manifester envers l’émigré ? Pourquoi ?
- Comment ces textes nous interpellent-ils comme peuple de Dieu ?

Deutéronome (Code deutéronomique)

Au bout de trois ans, tu prélèveras toute la dîme de tes produits de cette année-là, mais tu les déposeras dans ta ville. Alors viendront le lévite – lui qui n’a ni part ni patrimoine avec toi – l’émigré, l’orphelin et la veuve qui sont dans tes villes, et ils mangeront à satiété, pour que le SEIGNEUR ton Dieu te bénisse dans toutes tes actions. (Dt 14, 28-29)

Au lieu que le SEIGNEUR ton Dieu aura choisi pour y faire demeurer son nom, tu seras dans la joie devant le SEIGNEUR ton Dieu, avec ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante, le lévite qui est dans tes villes, l’émigré, l’orphelin et la veuve qui sont au milieu de toi. Tu te souviendras qu’en Egypte tu étais esclave, tu garderas ces lois et tu les mettras en pratique. (Dt 16, 11-12)

Quant à la fête des Tentes, tu la célébreras pendant sept jours lorsque tu auras rentré tout ce qui vient de ton aire et de ton pressoir. Tu seras dans la joie de ta fête avec ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante, le lévite, l’émigré, l’orphelin et la veuve qui sont dans tes villes. (Dt 16, 13-14)

Tu n’exploiteras pas un salarié malheureux et pauvre, que ce soit l’un de tes frères ou l’un des émigrés que tu as dans ton pays, dans tes villes. Le jour même, tu lui donneras son salaire ; le soleil ne se couchera pas sans que tu l’aies fait ; car c’est un malheureux, et il l’attend impatiemment ; qu’il ne crie pas contre toi vers le SEIGNEUR : pour toi ce serait un péché. (Dt 24, 14-15)

- Quelles sont les catégories sociales mentionnées dans ces textes ? Qu’est-ce qu’elles ont en commun ? Comment comprendre que l’émigré fasse partie de cette liste ?
- Pourquoi, d’après ces textes, faut-il être solidaire et juste envers les personnes qui sont dans la précarité ?
- Comment ces textes nous interpellent-ils comme communauté chrétienne ? Que faire pour que tous, en particulier l’émigré, se sentent accueillis dans nos assemblées ?

Lévitique (Loi de sainteté)

Si un homme, faisant partie de la maison d’Israël ou des émigrés venus s’y installer, offre un holocauste ou un sacrifice sans l’amener à l’entrée de la tente de la rencontre pour en faire un sacrifice pour le SEIGNEUR, cet homme-là sera retranché de sa parenté. (…) Si un homme, faisant partie de la maison d’Israël ou des émigrés venus s’y installer, consomme du sang, je me retournerai contre celui-là qui aura consommé le sang, pour le retrancher du sein de son peuple. (…) Si un homme, faisant partie des fils d’Israël ou des émigrés installés parmi eux, prend à la chasse un animal ou un oiseau qui se mange, il en versera le sang et le recouvrira de terre. (…) Quiconque, indigène ou émigré, mange d’une bête crevée ou déchiquetée doit laver ses vêtements, se laver à l’eau et il est impur jusqu’au soir ; alors il est purifié. (Lv 17, 8.10.13.15)

Vous aurez une seule législation : la même pour l’émigré et pour l’indigène ; car c’est moi, le SEIGNEUR, qui suis votre Dieu. » (Lv 24, 22)

Quand un émigré viendra s’installer chez toi, dans votre pays, vous ne l’exploiterez pas ; cet émigré installé chez vous, vous le traiterez comme un indigène, comme l’un de vous ; tu l’aimeras comme toi-même ; car vous-mêmes avez été des émigrés dans le pays d’Égypte. C’est moi, le SEIGNEUR, votre Dieu. (Lv 19, 33-34)

- Au regard de ces textes, y a-t-il des lois différentes pour les étrangers et les nationaux ? Qu’en pensez-vous ?
- A qui s’adressait ce commandement : « Tu aimeras l’étranger comme toi-même » ? A quel passage du Nouveau Testament fait penser ce précepte ? Qu’est-ce que cela implique pour nous comme chrétiens et citoyens du monde ?

Photo : Shelter the homeless by Gilberte Bodson

III. Éléments d’approfondissement

En hébreu il existe trois termes utilisés pour distinguer différents types d’étrangers : 1) zar : mot ayant une acception large et qui réfère à l’ « autre » (Pr 14,10), celui qui est en dehors de la famille ; 2) nokri : l’inconnu (Pr 5, 20 ; 27, 2.13) ; et ger : l’immigré ou l’étranger résidant.

Les 2/3 de l’utilisation du mot ger (immigré ou étranger résidant) se retrouvent dans le Deutéronome et dans la législation sacerdotale, textes postérieurs au 8ème siècle av. J.-C. Dans ces textes, l’étranger résidant est vu comme un pauvre, quelqu’un qui vit dans l’insécurité et la précarité. L’immigré est souvent cité à côté de la veuve et de l’orphelin qui sont dans la Bible les symboles par excellence, s’il en est, de la fragilité. Les grands prophètes du 8ème siècle comme Amos, Osée, Isaïe ou Michée ne font aucune allusion aux immigrés alors qu’ils sont très sensibles aux injustices sociales . Les psaumes et la littérature de sagesse n’en parlent pas non plus.

L’intérêt pour les immigrés, après le 8ème siècle, est sans doute dû à un bouleversement géopolitique majeur. A la mort du roi Salomon au 9ème siècle av. J.-C., le royaume de David éclate en deux entités : le royaume du Nord ou Israël avec pour capitale Samarie, et le royaume du Sud ou Juda ayant pour capitale Jérusalem. Vers -721, les Juifs assistent impuissants à la prise de Samarie par les Assyriens, mettant fin au Royaume d’Israël. Cette situation va déclencher un mouvement migratoire de nombreux habitants du Royaume du Nord vers le Royaume du Sud. C’est dans ce contexte que le Deutéronome fût rédigé. Les textes de Loi – en particulier ceux qui sont insérés dans le Lévitique, l’Exode et le Deutéronome – prennent en compte cette situation nouvelle. Le Royaume de Juda ne tarde pas à connaître le même sort que son rival du Nord et ses habitants sont déportés vers -586.

Aujourd’hui, des situations dramatiques obligent des millions de personnes à fuir leurs terres natales. Comment les chrétiens et tous les hommes et femmes de bonne volonté s’y prendront-ils pour répondre avec humanité à la détresse humaine ? Ne faudrait-il pas réinventer de nouvelles manières d’être Église et citoyens du monde ?

IV. Prière finale

  • Terminer par le Notre Père
  • Reprendre le chant d’entrée.

Pour aller plus loin, lire :
G. VANHOOMISSEN. Dieu, son peuple et l’étranger, Lumen Vitae, Bruxelles, 2000.

À suivre :
L’étranger dans les évangiles.

Alain MONDÉSIR
UFR Catéchèse, Centre Jean XXIII

 
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