Droits humains et encyclique Fratelli Tutti

Communiqué de la Commission Justice et Paix Luxembourg à l’occasion de la journée des droits humains, 10 décembre 2020

« Tout être humain a le droit de vivre dans la dignité et de se développer pleinement, et ce droit fondamental ne peut être nié par aucun pays. » (Fratelli Tutti §107)

Promulguée le 3 octobre de l’année 2020 à Assise, près de la tombe de saint François, la lettre encyclique Fratelli Tutti du Pape François exprime l’essentiel d’une fraternité ouverte qui permet de reconnaître, de valoriser et d’aimer chaque personne indépendamment de la proximité physique, peu importe où elle est née ou habite. Cette ouverture est une des présuppositions nécessaires pour donner un sens profond aux droits humains et d’assurer leur respect.

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » Tel est le premier article de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Soixante-douze ans après, l’encyclique Fratelli Tutti sonne comme un rappel urgent à vivre la fraternité universelle.

Dans ce contexte la commission Justice et Paix Luxembourg tient à rappeler qu’il faut qu’une attitude intérieure se développe afin que ces droits humains puissent être garantis. Fratelli Tutti est ainsi une encyclique sociale consacrée à la fraternité et à l’amitié sociale, une « contribution à la réflexion pour que, face aux manières diverses et actuelles d’éliminer ou d’ignorer les autres, nous soyons capables de réagir par un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux mots. » (FT §6).

« Ouverture », tel est le fil conducteur de Fratelli Tutti, tel est un des chemins pour rendre la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme effective. Pour y parvenir d’après le Pape, cinq attitudes sont nécessaires : rêver d’un monde ouvert, oser l’amour fraternel, faire la politique autrement, œuvrer pour un dialogue social authentique, construire la paix.

Certes les pouvoirs économiques ont la liberté d’investir sans entraves ni complications dans tous les pays. Si cette liberté fédère le monde, elle divise néanmoins les personnes et les nations. En effet, « [l]’avancée de cette tendance de globalisation favorise en principe l’identité des plus forts qui se protègent, mais tend à dissoudre les identités des régions plus fragiles et plus pauvres, en les rendant plus vulnérables et dépendantes. La politique est ainsi davantage fragilisée vis-à-vis des puissances économiques transnationales qui appliquent le “diviser pour régner”. » (FT §12)

Une autre caractéristique de ce monde fermé est l’absence de projet pour tous. Les pauvres et les personnes âgées en particulier connaissent la marginalisation. Les droits humains ne sont donc pas les mêmes pour tout le monde. L’exclusion des femmes dans les instances de décisions, de nouvelles formes d’esclavages, les trafics d’êtres humains et même d’organe sont des cris d’alarme. C’est à se demander « si l’égale dignité de tous les êtres humains, solennellement proclamée il y a soixante-dix ans, est véritablement reconnue, respectée, protégée et promue en toute circonstance. De nombreuses formes d’injustice persistent aujourd’hui dans le monde, alimentées par des visions anthropologiques réductrices et par un modèle économique fondé sur le profit, qui n’hésite pas à exploiter, à exclure et même à tuer l’homme. Alors qu’une partie de l’humanité vit dans l’opulence, une autre partie voit sa dignité méconnue, méprisée ou piétinée et ses droits fondamentaux ignorés ou violés ». (FT §22)

Certes, une pandémie comme le Covid-19 a réveillé un moment la conviction que nous constituons une communauté mondiale qui navigue sur le même bateau. Mais nous oublions vite les leçons de l’histoire. Pourtant, la leçon est limpide : le sauve qui peut deviendra tous contre tous. C’est ce que révèle notamment le drame des migrants.

Oser l’amour fraternel

L’attitude de proximité du bon Samaritain nous rappelle que « [n]ous sommes tous responsables du blessé qui est le peuple lui-même et tous les peuples de la terre. Prenons soin de la fragilité de chaque homme, de chaque femme, de chaque enfant et de chaque personne âgée, par cette attitude solidaire et attentive ». (FT §79).

Sans une fraternité cultivée consciemment, la liberté s’affaiblit car cette dernière est avant tout ordonnée à l’amour. On n’obtient pas non plus l’égalité en définissant dans l’abstrait que tous les êtres humains sont égaux. Pour réaliser la liberté, l’égalité et la fraternité il est nécessaire de promouvoir des valeurs morales comme la solidarité, de remettre l’accent sur la fonction sociale de la propriété, de respecter les droits sociaux et économiques des peuples ; cela "oblige à penser une éthique des relations internationales“. (FT §126)

Les différentes religions, par leur valorisation de chaque personne humaine peuvent offrir une contribution précieuse à la construction de la fraternité et pour la réalisation de la justice dans la société. Voilà un de leurs apports essentiels à la défense et la promotion des droits humains.

La commission Justice et Paix Luxembourg y contribue dans les domaines de la justice, de la paix, du développement durable et du respect des droits humains par son travail quotidien de sensibilisation et de travail politique.

 
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