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Histoire de la vénération de la Consolatrice des Affligés

Jusqu’à nos jours le pèlerinage de l’image miraculeuse de la Consolatrice des Affligés constitue une des composantes fondamentales de la piété populaire luxembourgeoise. De même que la vénération de saint Willibrord est étroitement liée à la procession dansante, l’invocation de la patronne de la cité et du pays de Luxembourg est indissociable des nombreux pèlerinages de paroisses, de doyennés, de groupes de jeunes ou d’associations qui au courant de l’Octave convergent vers l’image miraculeuse plus que trois fois séculaire de la Consolatrice des Affligés, patronne de la cathédrale de Luxembourg.

La vénération de la Consolatrice remonte à l’initiative du Père Jacques Brocquart (+1660) du collège des Jésuites de Luxembourg. Le 8 décembre 1624, le Père Brocquart et les étudiants de la congrégation mariale du nouveau collège fondé en 1603 vont en procession sur le glacis à l’extérieur des remparts de fortification de la la Ville de Luxembourg pour y dresser une statue de la Vierge sous les traits iconographiques de l’Immaculée Conception, évoquant la femme de l’Apocalypse au croissant de lune à ses pieds.

C’est dans la nouvelle sensibilité religieuse et ecclésiale, introduite par saint Ignace de Loyola (+1556), le fondateur de la Compagnie de Jésus, et propagée par le Concile de Trente (1545-1563), que se situent les racines du pèlerinage à la Consolatrice des Affligés pendant le 17e siècle. A cette époque, le Duché de Luxembourg avait depuis longtemps perdu son autonomie politique et faisait partie de l’entité des Pays-Bas espagnols.

L’invocation de la Consolatrice comme patronne de la Cité et du Duché de Luxembourg se développe devant l’arrière-fond d’une réelle sollicitude pour le maintien du peuple dans la foi catholique menacée par les infiltrations de la Réforme protestante. Pour les autorités publiques qui favorisent le pèlerinage, il s’agit avant tout de détourner les fléaux de la peste, de la famine et de la guerre.

A partir de 1625, des pèlerins isolés ou des groupes d’étudiants se rendent auprès de l’image de la Consolatrice des Affligés installée dans une chapelle érigée sur le glacis au-delà des fortifications et consacrée en 1628. Dès 1639, le premier "Livre des miracles" mentionne des prières exaucées et des guérisons qui ont lieu devant l’image. Comme l’invocation de la Consolatrice remporte un succès grandissant auprès de la population, on instaure cette même année une semaine consacrée plus particulièrement au pèlerinage dont le déroulement constitue jusqu’aujourd’hui le fondement des célébrations annuelles de l’Octave. En effet, en 1639 c’est la première fois que, pour faire face à l’afflux des pèlerins, on amène la statue de la Consolatrice pour une durée de huit jours à l’église des Jésuites à l’intérieur de la cité. A la fin de cette huitaine, au cours d’une solennelle procession de clôture, la statue est ramenée à la chapelle du Glacis.

Cette translation de l’image miraculeuse, qui allait devenir une tradition annuelle, montre que le pèlerinage et la vénération de l’image sont inextricablement liés.
Après l’élection de la Consolatrice des Affligés comme patronne de la cité en 1666 et patronne-protectrice eu Duché de Luxembourg en 1678, sa vénération ne cesse de se propager parmi la population. Depuis 1766 son image est placée pendant l’Octave sur un autel votif particulier de style rocaille, conçu en fer forgé et richement orné.

Aux yeux des fidèles celui-ci constitue un élément indissociable du pèlerinage de l’Octave.
Depuis 1794 la statue se trouve constamment dans l’ancienne église jésuite, devenue église paroissiale de la ville en 1778 et église cathédrale en 1870.

En 1922 la période du pèlerinage est étendue sur une quinzaine qui a lieu chaque année du 4e au 6e dimanche de Pâques. Des litanies et des cantiques spécialement composés, d’abord en allemand, ensuite également en luxembourgeois, donnent depuis la fin du 19e siècle une nouvelle empreinte à l’Octave et lui confèrent une dimension nationale de plus en plus marquée. Elle va se confirmer et s’intensifier au cours de la Deuxième Guerre mondiale. L’image de la Consolatrice ainsi que son message de réconfort et d’espérance représentent aux yeux d’une grande partie de la population luxembourgeoise une des composantes de son sentiment national et de sa conscience collective.

Aujourd’hui, après une tradition de pèlerinage de plus de 350 ans, l’Octave et ses pèlerinages sont toujours d’actualité.

Dès 1642, l’image de la Consolatrice des Affligés est vénérée à Kevelaer dans la région du Rhin inférieur en République Fédérale d’Allemagne.

Michel Schmit

 
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