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1857-1858 : Un concordat pour le Luxembourg ?150 ans de diocèse de Luxembourg – les grandes étapes (14)En 1856, le controversé vicaire apostolique Jean-Théodore Laurent démissionne de son poste après avoir été réhabilité par le gouvernement luxembourgeois concernant son rôle dans la Révolution de 1848. Cependant, Nicolas Adames n’est pas promu vicaire apostolique, mais reste provicaire. La construction déjà provisoire du Vicariat apostolique devient ainsi encore plus provisoire. Théoriquement, le pape pourrait sans plus attendre élever le Luxembourg au rang de diocèse et nommer un évêque. Mais sans accord avec le gouvernement national, de graves conflits menaçaient, compte tenu des liens profonds et des multiples interactions entre l’Église, la société et la politique. Une solution à l’amiable est donc recherchée sous la forme d’un concordat. Il s’agit d’un traité en droit international entre le Saint-Siège et un État souverain qui règle de manière détaillée le statut de l’Église sur le territoire du pays concerné. Compte tenu de l’indépendance politique et de l’autonomie ecclésiastique du Luxembourg depuis 1839/1840, un règlement distinct pour le Grand-Duché s’impose. En 1857, des représentants de l’Église et du gouvernement élaborent différents projets qui prévoient la création d’un diocèse. Alors que l’Église souhaite la plus grande liberté possible par rapport au contrôle de l’État, le gouvernement de son côté insiste sur un contrôle très strict. Trois projets voient ainsi le jour. Notre source d’aujourd’hui montre une juxtaposition de ces textes.
Ainsi, le projet du gouvernement est en accord (marqué dans la colonne 3 par « adm[issum] » = accepté) avec l’article II de la Curie (« Sanctitas Sua Luxemburgi urbem sedem Episcopalem constituet, eamque Sedi Apostolicae immediate subjectam declarabit » = Sa Sainteté élève la Ville de Luxembourg au rang de siège épiscopal et la déclare directement subordonnée au Siège Apostolique), mais supprime l’ajout contenu dans le projet de la Curie qui stipule (« Hujus dioecesis fines per Litteras Apostolicas praefinientur » = Les limites de ce diocèse sont définies dans une charte apostolique), reconnaissable aux marques de crayon et à l’inscription (« om[issum] » = omis). L’État ne souhaite pas laisser ces questions et d’autres encore à la seule décision de l’Église. Finalement, le gouvernement, le provicaire et le pape ne réussissent pas à s’entendre et le projet de concordat n’aboutit pas.
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